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No Future

 

 

Dylan for ever

 

Par Pierre Burnet

 

-« Dylan ! » dit-elle. Elle baissa la tête en fausse modeste. Elle se mordait les lèvres de contentement, avec une satisfaction non dissimulée.

 

Véronika approuva d’un hochement de tête concentré.

 

« - Excellent choix ! Moi, pour le mien, j’ai choisi Brandon. 

 

- J’y avais pensé aussi 

 

- Heureusement que tu ne me l’as pas pris.

 

- J’hésitais aussi avec Eliot ou Kévin».

 

Surtout ne pas perdre la face.

 

Son interlocutrice mesura d’un nouveau hochement de tête la difficulté et la remarquable façon dont son interlocutrice s’était tirée du choix difficile du prénom.

 

Sur son lit dans la maternité, Jenifer contemplait le petit Dylan et de la main, caressait la tête et ramenait les cheveux du nourrisson en pointe sur le dessus de crane. La forme qu’elle essayait de donner ne tenait pas, les cheveux étaient trop fins. « Il faut que je demande du gel » se dit-elle.

 

- Le père vient le voir ? 

 

- Ce looser ! Non, je l’ai largué il y a 4 mois et je n’aurais pas supporté qu’il me relance. Fini, gommé, effacé, zappé. »

 

En y repensant, elle reprit « Tu me vois avec un Bernard, chauffeur routier ? » Elle allongea et laissa traîner la syllabe « nard » en un bêlement.

 

« Trop grave ! Mais dis donc, je te trouve en forme pour une maman qui vient d’accoucher. »

 

En effet, fond de teint, eye-liner, ombre à paupières, mascara, gloss, brushing, manucure, celle-ci paraissait plus proche d’une starlette en goguette que d’une parturiente à peine délivrée de l’enfantement.

 

« Ben, j’ai choisi la césarienne. T’es relax, tu ne sens rien et quand on t’apporte le bébé, il est propre et lavé. Tu n’imagines quand même pas que j’aurais supporté qu’on me le pose sur le ventre plein de trucs dégueulasses. »

 

Les deux font une mimique de dégout, bras tendu et main écartée et en chœur « Beuah ! »

 

- En plus, j’ai choisi un gynéco qui fait une mini cicatrice. Je ne peux pas te la montrer là, mais tu verras, en bikini, on ne la remarquera pas.

 

- Tu reprends le travail dans combien de temps ?

 

- Pas avant 6 mois, il me reste des congés à prendre.

 

- Dans la même boite ? 

 

- Ouais, je vais reprendre mon boulot chez H&M, mais je ne compte pas y rester. J’ai un filon. 

 

- Où ça ? »

 

Jenifer refixa sur le dessus de la tête les lunettes de soleil Dolce et Gabbana qui menaçaient de tomber. « Je ne peux pas te le dire, mais dès que ça sera officiel, tu seras la première à le savoir. Un indice, c’est dans la mode.»

 

« Allez, allez, pas de secret entre nous, minauda son amie» Elle s’assit sur le bord du lit en posant ostensiblement son sac sur le fauteuil.

 

« Ne me dis pas, Veronika, ne me dis pas ! C’est le nouveau sac Guess. Et tu l’as choisi en modèle noir et beige, en besace. Il est à tomber. A tomber, je te dis. » Elle allongea le bras pour saisir l’une des anses du sac vinyle et tissu sur lequel une surexposition de G étaient positionnés dans tous les sens.

 

« Et regarde »

 

Elle se redressa, releva légèrement la tunique tombante et dégagea une large ceinture également blanche et grise. Cette vision déclencha une réaction curieuse chez son interlocutrice. Elle se mit à battre des mains, puis à les projeter en l’air et émettant des petits cris stridents. « C’est top, c’est trop top ! Je la veux, je la veux ! »

 

Sur son insistance, Veronika retira la ceinture et la laissa examiner. Elle avait vaguement peur de ne pas pouvoir la récupérer.

 

 Et en effet, Jenifer tournait et retournait la ceinture, passant les doigts sur les G, sur la boucle, sur la tranche. Ses mains tremblaient et sa respiration s’était accélérée.

 

Véronika tendit la main pour reprendre contact avec un bout de la ceinture, mais Jenifer la tira à elle. Elle tenta un « S’il te plait, ma ceinture… »

 

Elle recula d’un pas devant le visage de son amie tout en tirant le bout de la lanière. Celle-ci, lèvres pincées, narines dilatées, souffle court la regardait en biais avec de la haine dans les yeux. Elle n’avait jamais vu une telle violence dans le regard de la jeune femme. On aurait dit une lionne affamée, la patte posée sur le cadavre d’une antilope. Véronika se dit qu’elle avait été sotte de lui tendre la ceinture par la boucle. Elle lui avait fait bénéficier ainsi d’une prise supplémentaire et en cas de traction violente, c’est elle qui devrait céder.

 

Elle tenta une nouvelle fois : »S’il te plait…. », puis Véronika se décida à lâcher la ceinture. Une ceinture Guess à 80€ ! Si ça lui fait plaisir. Pas de gaité de cœur, mais s’il n’y a pas moyen de faire autrement.

 

Assurée que son amie ne lui disputait plus la ceinture, Jenifer retrouva un visage serein.

 

L’autre ne fit pas de vieux os et prétexta un rendez vous pour s’éclipser, satisfaite malgré tout d’avoir pu préserver son sac.

 

Jenifer maintenant totalement calmée, caressait la ceinture acquise de haute lutte. Elle la tournait et la retournait. Elle admirait l’entrelacement des G, le contraste des teintes grisées, la boucle ouvragée. Elle passait son doigt sur les coutures. Elle effaçait aussi les empreintes laissées sur le vinyle pour garder la brillance. Elle se sentait comblée par l’objet précieux.

 

Elle tourna son visage vers Dylan.

 

-« Rien ne te manquera, mon chéri. Rien ne sera trop beau pour toi. Je ferai de toi le maitre du monde. Tu seras le plus grand. Un chanteur peut être…..Tu leur feras payer à tous. Tu entends, à tous. Tu seras le plus grand. Tu gagneras la Star Ac. Tu donneras des concerts partout. Tu seras aussi acteur. On te verra partout. Tu seras une star. Tu feras la une des journaux. On t’admirera…..Et moi, je serais à côté de toi. Tu m’achèteras des habits précieux, Rien ne sera trop beau pour ta maman. Et tu leur diras à tous : « C’est ma maman ! ». On posera ensemble pour Voici, pour Closer… Les gens parleront de nous. On nous enviera. On nous admirera. On nous invitera partout. Partout. On nous citera en exemple….. »

 

Elle continua son monologue à voix de plus en plus basse.

 

FIN

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