Chapitre 3

Les deux amoureux avaient longtemps hésités : allaient-ils dormir au camping ou directement sur la plage de cupabia ? Deux jours avant, des attentats avaient frappé des camping-cars garés près d’Ajaccio, un peu plus au nord, ils décidèrent donc de dormir en sécurité dans leur camping et d’aller sur la plage vers huit heures du matin. Lorsqu’ils arrivèrent à l’endroit qu’ils avaient foulé presqu’un an auparavant, ils se mirent à creuser. Il ne leur fallut qu’une dizaine de minutes pour dégager un coffret fermé par un cadenas numérique à quatre chiffres, tous calés sur le 0.

- Encore ! s’exclama Cédric.

- Comme sur le second coffret, c’est ça ?

- Non, il n’y avait que trois chiffres sur le second.

- Je pense qu’on est bons pour refaire défiler les chiffres, si trois chiffres font mille possibilités, quatre chiffres font dix mille possibilités.

- Ca parait logique.

- On n’est pas arrivés

- Pas forcément.

- Tu penses à la combinaison de l’autre coffet ?

- Ca vaut le coup d’essayer. Cédric fit tourner les deux derniers chiffres pour indiquer le quarante-neuf. Mais le cadenas resta clos.

 

         - Putain de bordel de coffret de merde !

- Exactement Clarisse, tu m’ôtes les mots de la bouche, répondit Lucie. Les deux filles étaient parties assez tôt de l’appartement, et avaient promis à Julien et Alexandra de ne pas ouvrir le coffret, avant d’être revenue à Propriano. Avec le cadenas à quatre chiffres, elles étaient sûres de ne pas succomber à la tentation de l’ouverture. Lucie calcula qu’ils avaient le choix entre dix milles possibilités pour trouver le bon code. Cette probabilité lui donna le vertige. Elle prit le coffret et, avec Clarisse, elles revinrent en direction de l’unique chemin d’accès à la plage. Elles étaient arrivées vers sept heures et demie, et avaient assez vite rejoint le nord de la plage de cupabia. Alors qu’elles s’approchaient du chemin, elles aperçurent deux personnes qui creusaient le sol. Les deux filles trouvèrent un rocher et se cachèrent pour observer le résultat de leur recherche. Elles les virent sortir un coffret du sol et l’observer. Malin, pensa Lucie, une équipe au nord, et une autre au sud. Alors que les deux autres chasseurs de trésors s’apprêtaient à repartir de la plage, Clarisse sortit de sa cachette et les héla.

 

          - Oh ! Hé ! Oui ! Vous deux-là ! Le mignon petit couple. Attendez ! La jeune femme s’approcha alors qu’ils s’arrêtaient. Une autre femme sortit d’un rocher derrière et s’avança à son tour. Dans les bras, elle portait un coffret quasiment identique à celui qu’ils venaient de trouver.

- Mais ! s’exclama Cédric. Le coffret ? Comment cela se fait-il ?

- Et oui, rigola la première. Ca fait bizarre de voir qu’on n’est pas seul dans cette foutue aventure, hein ?

La seconde jeune femme les rejoint rapidement, et elle leur expliqua qu’elle aussi avait trouvé le premier gros coffret, avec l’invitation à ouvrir sous forme de question, qui l’avait emmené, au fil des énigmes, à se retrouver ici, sur cette plage corse. Elle ajouta que deux autres amis participaient à l’aventure, mais qu’ils gardaient leur fille à Propriano. Elle leur proposa de venir prendre le petit déjeuner avec eux, pour discuter de cette étrange aventure.

Tellement surpris de voir qu’ils n’étaient pas seuls dans cette longue aventure et curieux de savoir si les autres avaient plus d’informations sur le mystérieux organisateur, les deux amoureux acceptèrent avec plaisir cette invitation et les suivirent jusqu’à Propriano. Dans la voiture, Cédric et Carmen n’en revenaient toujours pas.

- C’est dingue ! déclara le jeune homme. Au final, je n’avais jamais pensé qu’on pouvait être plusieurs sur le coup.

- J’espère que cette rencontre ne va pas tourner à notre désavantage.

- Je ne pense pas. Pour le moment, tout ce que nous avons, ce sont des jouets en plastiques numérotés. Alors, je sais que les numéros nous conduirons sûrement à l’énigme finale, mais on a le temps pour ça !

- En tout cas, si leur code pour le second coffret était identique au nôtre, Ils pourront sûrement nous aider à trouver le code de celui-ci !

- C’est vrai.

 

         A Propriano, dans l’appartement 26, Lucie présenta Carmen et Cédric à Alexandra, Julien et Anaëlle. Ils s’assirent tous autour de la table, sur le grand balcon, et prirent un bon petit déjeuner, en discutant de leurs expériences respectives. Ils se rendirent compte qu’ils étaient au même moment en dessous de la Tour Eiffel et Cédric se demanda s’il n’y avait pas aperçu Clarisse ce jour-là ; ils s’étonnèrent des lieux où ils avaient trouvé leurs coffrets respectifs ; et ils comparèrent les codes d’ouverture du second coffret. Alors qu’ils avaient commencé à faire tourner les différents chiffres du cadenas du dernier coffret en date, Lucie demanda à Cédric :

- Tu te souviens du code qu’indiquait le cadenas du second coffret quand tu l’as trouvé ?

- Euh… non… je ne crois pas… Non. Y’avait peut-être un six, ou un neuf… mais je ne suis vraiment pas sûr.

- Le mien affichait 747.

- Oui ! C’est ça ! Sept cent quarante-sept !

- Un six ou un neuf, hein ? Ironisa Clarisse.

         Carmen et Julien firent donc tourner les chiffres pour indiquer cette combinaison et réussirent à débloquer le cadenas très facilement.

- Merci beaucoup Lucie, soupira Carmen, sans toi, on était mal barré !

- De rien.

- OOOOOOOOOOOOH ! Ils sont trop mignons, cria Alexandra en apercevant les deux jouets en plastique. Elle les attrapa et commença à les faire dialoguer. Les autres regardèrent en rigolant la jeune maman alterner entre la grosse voix de l’hippopotame et la petite voix de la tortue. Carmen regarda avec désarroi Lucie qui lui répondit un simple : et oui ! C’est toujours comme ça !

Elle reprit ensuite : mais en fait, je crois que vous allez avoir l’occasion de nous rendre la pareille. Elle expliqua la façon dont c’était déroulée la découverte du premier coffret et le fait qu’elle ait voulu garder cela secret pour elle. Elle finit en racontant qu’elle avait remis le grand coffret dans la montagne et qu’il avait disparu de sa cachette.

- Mince, conclut Cédric.

- Tu peux y aller franco le lyonnais : Triple merde ! Reprit Clarisse.

- Mais en quoi cela est un problème pour la suite des énigmes ?

- Tu n’as pas regardé la suite du calepin ? S’étonna Julien.

- Ben… tu sais, la prochaine énigme est en 2014, on ne voulait pas tout résoudre d’un coup !

Lucie expliqua l’énigme de la troisième page et les conclusions qu’ils en avaient tirées.

- Ah oui, là, je comprends pourquoi tu as besoin de notre coffret.

- Si, bien sûr, c’est le même dessin sur le coffret.

- Nous ne pouvons pas vous aider pour le moment… Le coffret est à Lyon… Comme on faisait du camping, on ne voulait pas se charger inutilement.

- Ah…

- Ben c’est pas grave déclara Alexandra, avec la grosse voix de l’hippopotame, on se téléphonera !

 

         Cédric et Carmen récupérèrent leur hippopotame, et prirent l’adresse email de Lucie qui prit en retour celle de Cédric. Ils repartirent ensuite à leur camping. En rentrant à Lyon, Cédric contacta Lucie et lui donna le numéro manquant : le six. L’énigme de la page trois les amenait donc dans le Doubs, entre Valdahon et Etray. Depuis le séjour en Corse, Lucie avait fait la connaissance de James, un jeune franco-anglais, avait emménagé avec lui et avait planifié un mariage pour le mois de mai 2015 ; Clarisse était de nouveau avec Mary, et elles avaient officialisé leur union en se pacsant, conviant même Cédric et Carmen pour l’occasion ; Anaëlle avait eu le déplaisir de devoir partager ses parents avec un petit Théo ; tandis que Carmen avaient donné naissance à deux petits garçons fin novembre 2012, nommés Louis et Romain. Les amis se retrouvèrent donc le 16 février 2014 et découvrirent leurs coffrets, dans deux champs voisins.

 

         Pour la quatrième énigme, en septembre 2017, les équipes ne ressemblaient plus vraiment à ce qu’elles étaient en 2009 : Carmen et Cédric vivaient à l’Ouest de Lyon avec leurs jumeaux. Cédric était passé vendeur dans un magasin d’électroménager, et Carmen partageait toujours son temps entre Hormonal Explosion et son emploi dans une mutuelle privée. Lucie et James habitaient toujours Lille, ils s’étaient mariés deux ans auparavant, au cours d’une grande fête au cours de laquelle tous les participants à la chasse au trésor lui avaient fait cadeau d’un coffret en bois avec une serrure à code électronique dont elle avait mis un an et demi à percer le code, et dans lequel elle trouva un coffret sculpté en cristal de Dawn. Lucie attendait maintenant une petite fille, mais souhaitait garder le prénom secret. Mary et Clarisse avaient déménagé en Belgique où elles avaient pu adopter un petit garçon nommé Noé. Alexandra et Julien avaient préféré au nord le climat plus doux des Pyrénées Orientales, et s’installèrent non loin de Béziers. Ils restaient bien sûr tous en contact. En septembre 2017, ils ne se rendirent pourtant pas au même endroit. Si la latitude était identique, les longitudes se différenciaient par la lettre qui les accompagnait. Carmen et Cédric devaient se rendre à l’ouest de Greenwich, alors que Lucie devait rassembler ses troupes à l’est du méridien. Ils trouvèrent chacun leur coffret, et se racontèrent leurs découvertes respectives par email en revenant chez eux. Ils se virent plusieurs fois pendant les quatre ans qui les séparèrent de 2021 : naissances, anniversaires, vacances,… Leur éloignement géographique était une bonne occasion de voyager au travers de la France ! Ils avaient été surpris de voir que la cinquième énigme du calepin les menait dans le Nord, au sud-est de Lille, au dessus de Valenciennes, dans la forêt de Raismes. Ils furent encore plus étonnés de voir que les coordonnées les menaient à deux arbres voisins. Il leur fallut peu de temps pour comprendre qu’ils devaient grimper pour récupérer le coffret. Anaëlle, âgée de onze ans, s’essaya à l’escalade pour récupérer le coffret lillois, provoquant immédiatement chez les autres enfants l’envie irrépressible de monter eux aussi dans le second arbre pour chercher l’autre coffret.  Chacun put tenter l’expérience, mais ce fut à nouveau Anaëlle qui parvint à l’attraper. Les deux coffrets s’ouvrirent sans mal et les jouets livrèrent leur dernier secret : un 34 pour le coffret de Cédric et Carmen et un 10 pour Lucie et ses amis. Un tour de GPS plus tard, ils découvrirent avec, au final, peu d’étonnement l’endroit où se trouvait le dernier coffret : Cédric et Carmen devaient retourner à Notre-Dame de Monts, tandis que Lucie devait à nouveau revenir dans la montagne près d’Orcières Merlette, sûrement près du ruisseau.

         Il leur fallut attendre dix ans. Ils avaient très envie de venir en avance, de réussir à surprendre l’organisateur de la chasse au moment où il viendrait cacher les coffrets, mais il leur fallut tout de même attendre dix ans. Clarisse et Mary déclarèrent forfait pour cette ultime énigme, Noé ayant des problèmes respiratoires nécessitant une longue hospitalisation, tandis qu’Alexandra et Julien durent faire face au licenciement de Julien, ce qui ne leur permettait pas de traverser le sud de la France pour chercher une figurine Kinder.

 

         Le treize octobre 2031, au soir, Cédric, Carmen et les jumeaux dînaient dans la maison de famille à Notre-Dame du Mont, alors que Lucie, James et Lisa faisaient un jeu de société dans un appartement à Orcières Merlette. Cédric s’éclipsa un peu avant minuit, équipé d’un sac de couchage, pour aller surveiller l’endroit où il avait trouvé le coffret vingt-deux ans auparavant ; Lucie partit aux premières lueurs du jour pour rejoindre le petit ruisseau au cœur de la montagne. Elle avançait un peu plus lentement que lors de ses randonnées de jeunesse et entendit plusieurs fois la voix de Clarisse pester contre les ravages du temps.

        

         Cédric s’endormit vers deux heures du matin, et Lucie parvint au ruisseau vers huit heures trente. Cédric s’éveilla vers cette heure-là. Un coffret était apparu à ses pieds. Il râla contre lui-même. Rapidement, il se redressa et ouvrit le coffret. Sous le couvercle, il découvrit un écran LCD, sur lequel venait de s’afficher « Connexion en cours… ». Il n’y avait aucun bouton sur le bord de l’écran, mais seulement un petit micro intégré. Dans le coffret, il y avait un exemplaire d’un livre écrit par Sylvain Augier. Il se souvenait de cet homme ; il avait présenté une émission sur France 3 dans la fin des années 90, une émission qui s’appelait…

 

         La carte au trésor ! Bien sûr ! Encore un pied de nez ! Mais qu’est-ce que le livre intitulé « L’instant où tout a basculé » venait faire dans ce coffret ? Sous le livre, Lucie découvrit un clavier. Elle supposa qu’il était relié à l’écran LCD, mais se demanda à quoi cela allait lui servir et avec quoi la connexion se faisait. Soudain, l’écran afficha : « connexion réussie – début de la visioconférence. »  Lucie sursauta lorsqu’elle aperçut l’individu qui apparut devant elle.

 

         - Lucie ?

- Oui, mais qu’est-ce que tu fais là Cédric ? Tu es à Notre-Dame ?

- Oui, j’ai trouvé le coffret, et je suppose que toi aussi…

- Accompagné de ce livre de Sylvain Augier. C’est quoi cette blague ?

 

         Une vieille voix, chaude et rassurante se fit entendre :

- Bonjour à tous les deux. Si vous êtes arrivés jusque là, c’est que vous pouvez aller encore un peu plus loin. Vous avez un livre avec vous, et vous avez une boite de dialogue sous votre écran : vous avez deux heures pour indiquer les bonnes coordonnées. Au-delà de ce délai la chasse au trésor sera finie… avec ou sans le trésor ! Si l’un de vous indique les coordonnées avant l’autre, sa victoire sera validée et la chasse au trésor sera achevée. 

 

         - Mais… merde ! Paniqua Cédric. On fait quoi ?

- Ben on se dépêche de chercher les coordonnées.

- Quelles coordonnées ?

- Je sais pas ! Des numéros de pages mis en évidence… des coordonnées GPS… tout ce qui peut nous mettre sur la piste.

- Et si c’était dans le texte ?

- Je regarde les numéros, et toi le texte, au bout d’une heure, on échange, d’accord ?

 

         Pendant une heure, Cédric, qui n’aimait pas vraiment lire, balaya en diagonale le début du livre pendant que Lucie passait au crible chaque numéro, inspecta son coffret et le clavier pour essayer de trouver un indice. Au bout d’une heure, ils échangèrent et Lucie se plongea dans le récit de l’accident du présentateur dont elle avait entendu parler au moment de la sortie du livre, à la fin des années 2000. Un moment, elle lut une phrase qui n’avait rien à faire avec la description de la dépression dans laquelle était tombé l’ancien animateur. La phrase commençait ainsi : « Vous vous rendrez, avec votre collection de figurines, dans la dernière maison, avant d’arriver à la plage de Saint-Girons-Plage. Indiquez le cœur du rond-point. » Cette phrase était complètement intégré au reste du texte et il était impossible de la repérer juste en le survolant. Elle interpela aussitôt Cédric :

- Cédric ! Page 57 !

- Quoi ?

- Tu dois y avoir la réponse, cinquième ligne en partant du bas. Il se passa un moment pendant lequel Cédric reprit le livre qu’il avait laissé pour chercher les nombres sur le coffret et chercha la page indiquée. Il la trouva et la lut.

- Vite le GPS !

Ils lancèrent le logiciel de géo-localisation de leur GPS, trouvèrent l’image satellite de Saint-Girons-Plage, dans les Landes. Ils se mirent d’accord sur les coordonnées GPS du rond-point et les recopièrent sur leur clavier. Ils comptèrent jusqu’à trois avant d’appuyer sur la touche « Entrée ». Les coordonnées disparurent de la boite de dialogue et l’écran s’éteignit soudainement.

 

         Il fallut attendre quelques semaines que Noé soit suffisamment sorti d’affaire pour que Mary et Clarisse puisse le laisser sous la surveillance de ses grands-parents et que les filles se joignent à leurs amis pour la découverte de  la maison de Saint-Girons. Clarisse avait bien injurié tous ces imbéciles qui attendaient les deux lesbiennes au lieu d’aller chercher le trésor, mais rien n’y fit.

Après la coupure de la communication, Lucie et Cédric s’étaient appelés en rejoignant leur famille. Ils s’étaient vu à Notre-Dame de Monts lors du week-end de la Toussaint et c’est là qu’ils avaient décidé d’attendre que tous leurs amis soient là pour découvrir le butin de la chasse au trésor, tous ayant aidé, d’une façon ou d’une autre à la résolution des énigmes. De toute façon, la voix avait annoncée que la chasse au trésor était terminée ; il n’y avait donc aucune crainte que le trésor ne s’échappe.

 

         Lucie et Cédric durent se battre contre leur impatience de découvrir leur trésor. Ils avaient choisi le 23 novembre 2031 pour découvrir la maison, en souvenir de la première fois où ils avaient été réunis au pied de la Tour Eiffel. L’anniversaire de Julien étant à la mi-novembre, son cadeau d’anniversaire fut le paiement du voyage aller-retour de Béziers jusqu’à Saint-Girons pour lui et sa famille. Ils étaient donc tous là, sauf Marc. Ils s’étaient donné rendez-vous au pied de l’église de Saint-Girons à onze heures, pour aller ensemble jusqu’à la dernière maison avant la plage de Saint-Girons-Plage. A mesure qu’ils s’en approchaient, leurs cœurs battaient de plus en plus vite. Ils passèrent devant un petit lotissement, le dernier avant la plage. En demandant à un passant s’ils étaient bien face à la plage, ce dernier leur répondit que « non, là, c’est l’attrape-nigaud. Pour rejoindre la plage, vous faites demi-tour, au rond point, tout droit, et puis à gauche. Continuez tout droit pendant 3 kilomètres et ensuite à gauche, vous ne pouvez pas le louper, c’est marqué ». Aucun des amis ou des enfants ne remarqua la fleur que l’homme portait en boutonnière, qui était la parfaite réplique de la fleur gravée sur le premier coffret.

         Ils suivirent le chemin, jusqu’à arriver sur une route qui revenait vers la côte. Ils passèrent devant une barrière moisie et un portail délabré, et arrivèrent à la plage. Non, pas de maison. Clarisse dit qu’elle leur avait bien dit, et ajouta un juron pour la forme. Elle se fit reprendre par Cédric qui montra d’un coup d’œil les enfants. Ils se laissèrent les voitures à la plage et remontèrent la route à pied jusqu’au portail délabré. Sous la sonnette, il y avait le dessin d’un hippopotame et d’une tortue en plastique, qui se tenaient la main. C’était bien là. La petite troupe de treize personnes entra par le portail et avança dans un jardin qui avait des allures de jungle. Après dix bonnes minutes de marche, ils découvrirent une petite cabane en bois en très mauvais état.

- S’il n’y a pas un million de lingots d’or dans cette foutue cabane, je vais te la démolir et tout bruler !

- Calme-toi Clarisse, souffla Cédric. Il ne faut pas s’arrêter aux apparences. Allez, on entre !

         Anaëlle, Romain, Louis, Théo et Lisa avaient déjà atteint les fenêtres et essayaient de voir au travers, mais la poussière et la crasse les en empêchaient. La génération précédente rejoignit la porte et Lucie l’ouvrit. Il n’y avait rien d’autre à l’intérieur qu’un énorme coffre. Il était fait du même bois que les autres, mais celui-ci faisait au moins trois mètres sur deux, pour une hauteur d’un mètre. Sur le dessus du coffret, il y avait trois trous. Au dessus de chacun des trous, il y avait une gravure : un hippopotame, une tortue et un canard. Les chasseurs s’étonnèrent :

- Il y avait un troisième coffre ?! S’exclama Mary.

- Peut-être qu’il n’a pas été trouvé, proposa Julien

- Ou peut-être que les gens n’étaient pas assez curieux, ajouta Carmen.

- Ou alors ils étaient trop cons ! Conclut Clarisse.

Cédric lui jeta un regard noir, alors que les enfants se mirent à rigoler.

- Nous devons mettre nos figurines, annonça Lucie.

- Alors apprêtons-nous à dire au revoir à nos petits chéris, lança Alexandra.

- Mais… demanda Mary, et s’il fallait les canards aussi ?

- Non, objecta Lucie, le coffret avec l’écran devait permettre de choisir un vainqueur. C’est peut-être justement un moyen d’empêcher un autre candidat d’ouvrir le coffre au trésor. On commence par lesquels, les hippopotames ou les tortues ?

- En même temps ? Demanda Cédric.

- Yop, répondit Lucie.

 

         Ils se placèrent chacun devant l’ouverture correspondant à leur figurine et les firent tomber les unes après les autres, après un décompte régulier. Lorsque les sixièmes figurines tombèrent dans leurs cavités, il y eut des bruits de serrures et d’engrenages puis, le silence retomba dans la cabane miteuse. Julien, Clarisse, Lucie et Cédric soulevèrent le lourd couvercle du coffre, et tout le monde s’approcha pour découvrir le mystérieux contenu.

        

         Tout au fond du grand coffre, il y avait une petite boite en métal, avec, sur le dessus, un petit bouton vert et un cadran à chiffres. A côté de l’appareil, il y avait un bout de papier. Lucie le saisit et lut à voix haute :

 

         « Mes très chers amis,

 

Merci de vous être prêté à ce petit jeu. J’espère vous avoir distrait autant que possible. Javoue avoir pris beaucoup de plaisir à organiser cette petite partie de chasse au trésor.

 

Vous avez gagné ! Le trésor que vous trouverez près de cette note peut vous paraître étrange, mais il vaut le détour.

 

Jai un passe-temps dinventeur. Au fur et à mesure du temps, jai poussé mes recherches pour créer des objets de plus en plus surprenants. Je vous présente mon téléporteur : entrez des coordonnées GPS, appuyez sur le bouton vert, et vous vous retrouverez instantanément téléporté au lieu correspondant.

 

Bons voyages.  

 

Amicalement,

                                   George-Patrick S. »

 

         Alors que tous étaient sous le coup d’une légitime incrédulité, Anaëlle alluma son portable et rechercha les coordonnées GPS du parking de la plage. Avant que les autres eut le temps de réagir, elle saisit le téléporteur et courut hors de la cabane. Elle tourna manuellement les chiffres du cadran, et déclara « On se retrouve aux voitures » avant d’appuyer sur le bouton vert. Elle disparut sous les yeux sidérés de ses parents.

         La petite troupe arriva au pas de course jusqu’au parking, et découvrit Anaëlle, accoudée à la voiture de Cédric.

         Tandis que tous la regardaient, médusés, Clarisse déclara :

 

         « La curiosité, un vilain défaut ? Mon cul oui ! »

 

 

FIN

 

 

Si vous voulez vous prendre pour Lucie ou pour Cédric, suivez le lien du géocaching : PAR ICI !